Consultation préconceptionnelle
Vous souhaitez un enfant
Avant d’arrêter la contraception, il est bon d’en parler avec son médecin ou sa sage-femme pour faire un point santé, revoir les vaccins, revoir les règles d’hygiène à suivre, les précautions à prendre pour que la grossesse à venir se passe au mieux.
La démarche dite « préconceptionnelle » avant la grossesse a pour but d’informer les femmes qui souhaitent avoir un enfant. Vous ferez le point notamment sur :
- votre état de santé actuel, notamment en cas de pathologies connues familiales et/ou personnelles ou si vous êtes originaires de certains pays pour rechercher la drépanocytose et la thalassémie,
- votre statut vaccinal,
- les complications possibles pour vous-même lors de la grossesse à venir,
- les complications possibles pour l’enfant à naître.
Votre médecin ou votre sage-femme pourra vous proposer des mesures préventives pour éviter ou minimiser ces complications.
Vous êtes en bonne santé
Cette démarche est souhaitable pour toute femme, quel que soit son âge, qui désire être enceinte car c’est l’occasion pour votre médecin ou votre sage-femme de faire un bilan de santé et de proposer quelques mesures d’hygiène très utiles au bon déroulement de la future grossesse et/ou de vous diriger vers un ou des spécialistes si besoin.
En l’absence de pathologie, ils vous donneront des conseils de prévention, vous prescriront les vaccins si besoin et la supplémentation alimentaire éventuellement nécessaire.
La démarche préconceptionnelle a pour but de :
Rechercher des facteurs de risque généraux : âge, poids et addictions
- Il vaut mieux être enceinte avant 30 – 35 ans (car le risque de malformations de l’enfant, en particulier de trisomie 21 augmente avec l’âge).
- Il vaut mieux être mince qu’obèse avec un indice de masse corporelle (IMC) entre 19 et 25, mais il ne faut pas être trop maigre non plus (IMC < 18).
- Il faut arrêter le tabac, l’alcool (vin, bière, apéritifs, etc…) et les drogues illicites (cannabis, héroïne, etc…).
Repérer les risques particuliers de certaines populations :
- Drépanocytose
- Thalassémie
Évaluer le risque malformatif et/ou génétique :
- Vos antécédents familiaux
- A la recherche de maladies héréditaires
- Si vous avez fait des fausses couches à répétition (plus de 3 à la suite)
Faire un examen général et gynécologique :
Votre médecin ou votre sage-femme, après vous avoir interrogé sur vos antécédents, vos habitudes, votre travail, vous examinera : taille, poids et tension artérielle. Puis fera un examen général des principales fonctions : cœur, poumon, etc… Un examen gynécologique sera réalisé avec un frottis pour dépister le cancer du col de l’utérus (si vous n’en avez pas eu depuis plus de 3 ans) et vérifier si votre utérus et vos ovaires sont normaux (absence de fibrome, de kystes, etc…). En cas de doute, ils pourront vous prescrire une échographie de l’utérus et des ovaires.
Rechercher les risques de contamination infectieuse :
C’est le moment de revoir avec votre médecin ou votre sage-femme si vous avez été vaccinée ou si vous êtes immunisée contre des maladies infectieuses qui peuvent nuire à votre bébé si vous les attrapiez pendant la grossesse. Une prise de sang vous sera prescrite pour étudier différentes maladies infectieuses :
- La rubéole : si vous n’êtes pas protégée, il faudra vous vacciner avant la grossesse.
- La toxoplasmose : si vous ne l’avez pas eu, il faudra prendre des précautions alimentaires préventives dès le retard de règles.
- L’hépatite B : si vous ne l’avez pas eu, il faudra vous vacciner et si vous la contractez pendant la grossesse il faudra dans certains cas vacciner le bébé à la naissance.
- La syphilis : si le test est positif, il faudra vous traiter avec de la pénicilline pour éviter de contaminer le bébé.
- Le SIDA : si le test est positif, il faudra étudier la sérologie du conjoint et mettre en place une consultation spécialisée pour un traitement.
- L’hépatite C : en cas de positivité, il y a des précautions à prendre.
Vous avez une pathologie préexistante ou eu une complication à la grossesse précédente
Cette démarche est indispensable pour une femme qui a une pathologie ou fait une complication obstétricale grave à sa précédente grossesse ou a eu un enfant atteint d’une pathologie sévère ou est décédé car c’est l’occasion pour votre médecin ou votre sage-femme de faire un bilan de santé et de proposer quelques mesures d’hygiène très utiles au bon déroulement de la future grossesse.
En cas de pathologie, ils rechercheront en plus une contre-indication à la grossesse (rare), feront le point sur la pathologie préexistante ou la complication à la grossesse précédente et apprécieront le retentissement possible sur la grossesse et celui de la grossesse sur la maladie et pourront ajuster le traitement si nécessaire et/ou vous diriger vers un ou des spécialistes si besoin.
En cas de pathologies préexistantes à la grossesse
De nombreuses pathologies peuvent être la cause de grossesses dites « à risques ».
L’hypertension artérielle chronique :
Chez la femme hypertendue, il existe un risque de 20 – 40% d’hypertension grave pendant la grossesse (pré-éclampsie), de retard de croissance intra-utérin du bébé, d’hématome rétroplacentaire et donc de prématurité. La mortalité périnatale est multipliée par 2 en cas d’hypertension et par 4 en cas de pré-éclampsie. Les complications sont à redouter surtout si la tension artérielle diastolique est > 110 mmHg. Les femmes doivent être informées qu’en cas de grossesse, le traitement hypotenseur diminue le passage à une hypertension sévère mais ne diminue pas le risque de pré-éclampsie. Il faut donc, avant toute grossesse, faire un bilan étiologique de l’hypertension, rechercher les complications (cardiaques, rénales, rétiniennes), adapter le traitement en tenant compte des contre-indications médicamenteuses liées à la grossesse, informer les femmes des complications possibles malgré le traitement.
Le diabète :
Chez la femme diabétique, la grossesse est de « 10 mois » car le mois précédant la conception doit être consacré au bilan (tension artérielle, cœur, rein, rétine, membres inférieurs) et à équilibrer le diabète. En effet, si l’hémoglobine glycosilée est < 8% le risque de malformation fœtale est de 5% contre 25% si elle est > 10%. Le risque de pré-éclampsie sera lié à une hypertension artérielle ou une pathologie du rein. Si vous avez un diabète de type II, il faut arrêter les hypoglycémiants oraux, équilibrer le diabète par un régime strict et si c’est insuffisant vous mettre à l’insuline avant la grossesse.
L’épilepsie :
Chez la femme épileptique, le risque de malformations est multiplié par 2 en cas de traitement par un seul médicament (monothérapie) et par 4 en cas de traitement par plusieurs médicaments (polythérapie), notamment avec le valproate de sodium. Il faut donc faire le point avec le neurologue et voir si le traitement ne peut pas être arrêté si vous n’avez pas eu de crises depuis plus de 2 ans ou modifié en monothérapie si vous avez une polythérapie. Il faut prescrire, 1 mois avant la conception, 5 mg/j d’acide folique de façon à réduire le risque de malformations du tube neural. Il faudra poursuivre ce traitement pendant le premier trimestre de la grossesse. Vous avez eu un accident gravidique : accouchement prématuré, enfant de petit poids ou décédé, un placenta prævia…, il faut évaluer quel est le risque de récidive et les autres conséquences possibles et prendre des mesures préventives si c’est possible.
En cas d’antécédents de grossesse(s) pathologique(s)
Après une hypertension avec albumine dans les urines (pré-éclampsie)
Le risque de récidive est de 15 à 46% selon que vous avez une hypertension artérielle chronique, que vous avez eu un problème hépatique avec chute des plaquettes (HELLP syndrome), un hématome rétroplacentaire, un enfant avec un retard de croissance intra-utérin, que vous avez plus de 35 ans, qu’il s’agit d’un autre partenaire que pour la grossesse précédente qui a eu lieu plus de 4 ans avant. La prescription d’aspirine 100 mg/j de 12 semaines d’aménorrhée (SA) à 37 SA réduit l’incidence de la pré-éclampsie, augmente le poids de l’enfant et réduit la mortalité périnatale sans accroître les complications hémorragiques maternelles ou fœtales.
Après un accouchement prématuré
Le risque de récidive est important (risque relatif x 2,5) si l’accouchement a eu lieu avant 37 SA mais est x par 10 si l’accouchement a eu lieu avant 28 SA. Ce risque augmente si la grossesse suivante survient précocement, si vous avez plus de 35 ans ou des conditions de vie difficiles avec un travail pénible. Fumez augmente également le risque : le sevrage tabagique est recommandé. Après un accouchement prématuré, il faut donc avant la grossesse suivante rechercher une cause : une infection cervico-vaginale, une malformation utérine (cloison, hypoplasie), une béance cervicale. S’il y a une cloison utérine, il faut l’enlever lors d’une intervention par hystéroscopie. La béance cervicale peut nécessiter un cerclage avant 24 SA, s’il y a eu 3 fausses couches tardives consécutives ou 3 accouchements prématurés consécutifs. La prescription de progestérone retard en intramusculaire (IM) est recommandée entre 16 et 24 SA et par voie vaginale entre 25 et 36 SA uniquement si le col utérin est court (< 20 mm) en cas de grossesse monofœtale asymptomatique et sans antécédent d’accouchement prématuré.
Après un diabète gestationnel
Le risque de récidive est élevé. Il y a aussi un risque d’avoir un gros bébé de plus de 4000 g (macrosomie fœtale) et un risque de malformation fœtale. Il est donc indispensable de vous mettre au régime et d’équilibrer le diabète avant la nouvelle grossesse. Il faut obtenir des glycémies à jeun entre 0,60 et 0,90 g/l et après le repas (postprandiale) < 1,20 g/l.
Contre-indications à la grossesse
Elles sont rares mais existent encore. Le médecin vous expliquera que, malgré votre désir légitime de grossesse, celle-ci met en jeu votre vie. Il faudra évaluer avec les spécialistes des pathologies concernées (foie, rein, cœur, poumon), les possibilités qui permettront une grossesse.
Conclusion
La démarche préconceptionnelle est hautement souhaitable même si vous êtes en bonne santé sans antécédents médicaux, chirurgicaux ou obstétricaux.
La démarche préconceptionnelle est indispensable si vous êtes porteuse de pathologies ou que vous ayez présenté un ou plusieurs antécédents de grossesses pathologiques.
Source : (cliquer sur l’image pour accéder au lien)
La consultation préconceptionnelle